Lundi 24 novembre, nous avions rdv avec un pédiatre spécialiste du développement et handicap, pour évoquer les problèmes de langage de Louloute, après bilan chez l'orthophoniste. Pas de conclusions évidentes bien sûr, la phase d'exploration sera longue (surtout pour obtenir les rdv!). Ses difficultés peuvent relever de la dysphasie, mais aussi d'un autre trouble sévère du langage, avec différents causes possibles...
Après avoir essuyé un petit mépris habituel sur ma légitimité à faire l'école à la maison ("Vous avez une formation ou vous faites ça comme ça, au pied levé?"), j'ai cherché à comprendre au mieux ce que la pédiatre disait, car pour une spécialiste, je l'ai trouvée confuse, ou du moins visiblement fatiguée...
A la sortie je suis restée très sceptique sur au moins deux points de ce premier diagnostic :
1/ la pédiatre n'est pas certaine que Louloute comprenne tout ce qu'on lui dit
2/ elle aurait des difficultés manifestes de repérage/ d'appréhension de l'espace, sur deux preuves:
- elle a buté sur un exercice dont nous possédons des versions différentes à la maison: des anneaux de taille croissante à enfiler sur une tige, mais celle-ci en plastique, était ici de forme conique (et non une tige droite, simple). Louloute a enfilé un trop petit qui est resté coincé, ce qui l'a interloquée, elle a ensuite trouvé le plus grand. Puis à nouveau mis un autre trop petit, puis le bon anneau et ainsi de suite jusqu'à la fin. Au 2ème essai, elle a fait l'activité d'un seul coup, sans erreur. Pour la pédiatre, elle était réellement en difficulté, un enfant de son âge se serait trompé une seule fois, mais pas à chaque fois. A mes yeux, connaissant ma fille, c'est plutôt d'une, que la situation et le docteur l'impressionnaient fort, ce qui se voyait à son visage et son attitudes à la fois réservée et comique (surement pour dédramatiser). De deux, qu'elle était en face d'une intrigue ("pas le même effet que d'habitude") et que son intelligence, active, la poussait à faire des essais/erreurs pour bien la résoudre.
- elle ne tient pas encore bien son crayon, et quand la pédiatre lui a montré la position correcte dans sa propre main (et non dans la sienne), elle n'a pas réussi à faire la même chose. Ce serait un défaut de représentation spatiale du haut et du bas, de l'effet miroir etc. Or, là encore, la connaissant bien, elle n'a aucune difficulté avec ces notions qu'elle a totalement acquises. Qu'un enfant de 3 ans et demi ne tienne pas encore bien, ni tout seul, son crayon ne relève pas, à mon sens, d'un problème de ce type! J'en ai rediscuté avec l'orthophoniste, qui est bien d'accord avec moi. Ce serait plutôt une question de motricité.
D'ailleurs l'orthophoniste me rejoint sur le fait que Louloute comprend tout, et qu'elle n'a absolument aucun problème de repérage spatial. Elle lui avait d'ailleurs fait passer des tests spécifiques. Louloute a un problème langagier notoire, mais au niveau de ses capacités intellectuelles, je ne crois vraiment pas. Ce n'est pas une question d'acceptation de notre part, mais d'objectivité. Elle est au contraire très vive, et compense son "handicap" par beaucoup de volonté, de spontanéité, de dynamisme.
J'ai fait part sur le moment même à la pédiatre de mes réserves sur ces deux points, mais malgré mes arguments, elle m'a présenté ce diagnostic comme certain et coupé court à la discussion.
Que dire de ces avancées somme toute péremptoires, qui ne reflètent pas la réalité?
Expression d'un besoin de défendre l'autorité, la légitimité du docteur, des spécialistes, des professionnels... du monde scientifique en général?
Je ne suis qu'une mère au foyer, je n'ai qu'à m'incliner! Et encore, je suis cultivée, formée et diplômée, j'ai des armes pour soutenir ma cause. Mais les parents qui n'en ont pas? Et encore, c'est seulement un bilan qui est en jeu, mais quand ce sont des décisions importantes... voire vitales?
Des vocations de médecins, qui ne fassent pas de la connaissance et de l'usage de la science un instrument de pouvoir, mais de soin et de service de tous et surtout des plus faibles!
Nous attendons les prochains rdv: électro-encéphalogramme pour vérifier des éventuelles causes neurologiques, qui semblent peu probables, bilan avec des pédo-psychologues... A suivre (avec attention!)
